La comète C/2022 E3 (ZTF) devrait être observable facilement aux jumelles (et peut-être à l’œil nu) en janvier et février 2023, partout dans l’hémisphère nord.
La comète C/2022 E3 (ZTF) a été découverte à la magnitude 17 le 2 mars 2022 avec le télescope de Schmidt de 1,2 m de diamètre « Samuel Oschin » du Mont Palomar, utilisé par le « Zwicky Transient Facility ». Elle porte donc le nom de l’acronyme « ZTF » de ce programme de surveillance de tous les objets transitoires du ciel, qui permet en particulier de suivre les comètes et leur sursaut d’activité. Elle était alors à 4,3 au du Soleil (et 4,9 de la Terre), soit un peu moins loin que Jupiter. Après deux mois d’observation, il semblait déjà que cette comète venait de moins loin que le nuage de Oort. Des observations antérieures à cette découverte, réalisées en juillet 2021 par le PanSTARRS-1 et en octobre-novembre 2021 par le ZTF ont été retrouvées et le calcul de sa trajectoire après 10 mois d’observations permet de dire que cette comète a dû déjà passer près du Soleil il y a environ 50000 ans (±3000 ans suivant les sources), et qu’elle sera définitivement éjectée du système solaire après ce passage. Elle voyage sur une orbite dans un plan très incliné (109°) par rapport à l’écliptique, et a dû être stockée des milliards d’années dans le nuage de Oort (réservoir de noyaux cométaires à environ 1 année-lumière du Soleil) avant de se retrouver sur cette orbite plus courte (aphélie à ~2700 au).
Le 1er février 2023, la comète passera à un peu moins de 0,3 UA. Elle devrait alors avoir une magnitude proche de 5, ce qui la rendra facilement observable aux jumelles ou avec une longue-vue. Selon certaines sources, elle pourrait même atteindre la magnitude 4, devenant ainsi visible à l’œil nu, loin de toute pollution lumineuse.
La comète C/2022 E3 (ZTF) photographiée le 29/01/2023. © Makrem Larnaout
La comète C/2022 E3 (ZTF) photographiée le 29/01/2023. © Makrem Larnaout
Une comète : qu’est-ce que c’est ?
Les comètes sont de petits objets célestes constitués d’un noyau de glace et de poussière en orbite (souvent de forme elliptique très allongée) autour d’une étoile.
En général, les comètes dont on parle orbitent autour de notre étoile : le Soleil.
Lorsqu’elles se rapprochent de lui, elles sont soumises à de nombreuses forces (vent stellaire, gravitation…)
Sous l’effet du Soleil, le noyau de glace s’entoure alors d’une couche de poussières et de gaz brillante. C’est la chevelure, ou coma, de la comète.
(Le mot « comète » vient d’ailleurs du grec et signifie astre chevelu.)
La plupart des comètes que nous connaissons proviennent soit de la ceinture de Kuiper ou du nuage d’Oort.
Ces deux zones du Système solaire sont connues pour abriter des astéroïdes.
D’ailleurs, la différence entre astéroïde et comète est assez floue.
On les distingue généralement d’après la présence ou l’absence d’une coma.
Signe de la sublimation du noyau de glace que l’on appelle parfois activité cométaire.
Les comètes se composent de trois parties : le noyau, la coma (ou chevelure) et les queues (généralement une queue de plasma et une queue de poussière).
En se rapprochant du Soleil, le noyau des comètes passe de l’état solide à l’état gazeux. C’est ce qu’on appelle la sublimation.
Et c’est à ce moment-là que les queues se forment et que les comètes deviennent potentiellement visibles.
En effet, leur magnitude augmente sous l’effet du Soleil.
Et si elle augmente suffisamment et qu’elles se rapprochent suffisamment de la Terre, la comète devient visible.
Les comètes : des objets imprévisibles
Cependant, il est difficile de prévoir si une comète sera visible ou non à l’avance.
Ce sont des objets très imprévisibles.
Et même si on connaît leur trajectoire à l’avance, on ne peut pas vraiment prévoir avec certitude leur degré de visibilité.
Cela dépend de l’intensité des interactions qu’elles vont avoir avec le Soleil, qui va définir leur magnitude.
Mais surtout, si la comète passe trop près du Soleil ou qu’elle subit des effets trop importants, son noyau peut se scinder.
La comète se désagrège alors et on ne voit rien.
Par ailleurs, elle peut également rencontrer d’autres objets sur sa trajectoire, qui vont alors soit la dévier, soit lui causer des dommages.
Bref, avant de s’approcher suffisamment de la Terre, la comète peut subir beaucoup d’épreuves qu’il est difficile de prévoir à l’avance.
C’est pour cette raison qu’on ne commence généralement à parler d’une comète que très peu de temps avant qu’elle n’arrive à son maximum de visibilité.
Et qu’il arrive parfois malgré tout qu’on ne puisse pas la voir.
Mais dans le cas de C/2022 E3 (ZTF), on sait maintenant qu’elle est passée suffisamment loin du Soleil pour espérer pouvoir l’observer.
Au moins au télescope et aux jumelles.
Et justement allons découvrir cette fameuse comète d’un peu plus près.
Contrairement à Neowise ou Leonard, les dernières comètes qui ont fait parler d’elles, C/2022 E3 (ZTF) n’a pas de petit surnom.
Cette dernière a été découverte le 2 mars 2022 par le programme de détection automatique ZTF, pour Zwicky Transient Facility.
Ce programme se trouve dans l’observation de Palomar, dans l’état de Californie, aux États-Unis.
C/2022 E3 (ZTF) est passé à son point le plus proche du Soleil le 13 janvier dernier.
Et elle sera au plus proche de la Terre le 1er février.
Comète C2022/E3 ZTF depuis la Tunisie
Publication sur la page Sky de la Nasa
Comète annotée : Link
Credit: Makrem Larnaout
Location: Tunisia Sahara
Comète au désert Tunisien : Link
Credit: Makrem Larnaout
Location: Tunisia, Sahara
L’info en plus : un nom compliqué, mais riche en informations
La dénomination des comètes suit un protocole défini par l’Union astronomique internationale, qui permet de connaître immédiatement plusieurs informations au sujet de la comète en question. Ainsi, pour C/2022 E3 (ZTF) :
- C/ signifie qu’il s’agit d’une comète périodique (qui revient périodiquement près du Soleil) de plus de 200 ans ;
- 2022 indique l’année de la découverte ;
- E indique qu’elle a été découverte durant la première quinzaine de mars (A pour la première quinzaine de janvier, B pour la deuxième quinzaine de janvier, etc.) ;
- 3 indique qu’il s’agit de la troisième découverte cométaire durant cette quinzaine ;
- ZTF renseigne sur le découvreur de la comète, ici il s’agit du code assigné au programme de détection Zwicky Transcient Facility.
Hedi BALMA
8 février 2023Je vous félicite de cet article très intéressant tant au niveau artistique avec de belles images époustouflantes de la comète et au niveau scientifique avec l’explication des caractéristiques physiques et dynamiques de la nouvelle comète. Bravo et bonne continuation dans l’excellence astronomique.
Makrem Larnaout
5 mai 2023Merci beaucoup Mr.